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Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de l’action communautaire

Mission
du CSMO-ESAC

Le Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de l’action communautaire (CSMO-ESAC) a pour but de favoriser et de consolider la concertation et le partenariat afin de résoudre les problèmes de main-d’œuvre communs aux organisations de l'action communautaire et de l'économie sociale.


Santé mentale : la ligne de soutien LÉO à la rescousse du milieu communautaire et de l’économie sociale

Entrevue avec...

  • Alice Bernier, chargée de projet – formation et partenariats au Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de l’action communautaire (CSMO-ESAC)
  • Sophie Meunier, professeure au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
  • Patrice Machabée, directeur de l’Association lavalloise de parents pour le bien-être mental (ALPABEM)

Depuis juin 2020, les travailleurs et les travailleuses des organismes à but non lucratif (OBNL) et des coopératives peuvent obtenir gratuitement du soutien psychologique en appelant à la ligne de soutien LÉO, mise sur pied par le Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de l’action communautaire (CSMO-ESAC) et lancée en collaboration avec l’Association lavalloise de parents pour le bien-être mental (ALPABEM).

« Répondre aux besoins de ceux et celles qui portent à bout de bras la mission des organismes du milieu communautaire, soit aider les autres, c’était une très bonne idée. Quand on a été approchés pour le projet, on s’est demandé pourquoi on n’y avait pas pensé avant », confie le directeur de l’ALPABEM, Patrice Machabée.

Ce service téléphonique, qui est aussi offert aux bénévoles et aux anciens membres du personnel des organisations collectives, a vu le jour grâce à l’appui de nombreux regroupements nationaux et régionaux du secteur de l’économie sociale et de l’action communautaire.

Et pour cause : le taux d’épuisement professionnel des personnes œuvrant dans le milieu communautaire s’élevait à 20 % avant le début de la pandémie de COVID-19, mais il a atteint 34 % au printemps 2021, révèle l’enquête Engagé·e envers ma santé!, dirigée par la professeure au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Sophie Meunier.

Qui plus est, 59 % des organisations collectives ne disposent pas d’un régime d’assurance collective , selon l’étude Les Repères en économie sociale et en action communautaire publiée en 2018. « Généralement, ce sont de petites organisations qui emploient en moyenne dix personnes », dit Alice Bernier, la chargée de projet – formation et partenariats de cette organisation qui veille à assurer le développement de la main-d’œuvre de ce secteur d’emploi.

Discussion sur une proposition qui a fait une différence dans la vie de ceux et celles qui offrent chaque jour des services à la population dans des OBNL et des coopératives.

Pourquoi les travailleurs et les travailleuses des organisations collectives souffrent-ils de détresse psychologique?

Sophie Meunier : Ces travailleurs choisissent ce milieu parce que c’est en lien avec leurs valeurs. Le sens au travail est très élevé, mais il peut y avoir des côtés négatifs. La charge de travail est très lourde, notamment en raison de la rareté de main-d’œuvre et de la charge émotionnelle.

On doit encore le valider dans nos études, mais on émet l’hypothèse que leur charge de travail importante peut mener d’une part à un surinvestissement. Les intervenants travaillent plus d’heures, ils ont de la difficulté à décrocher et ils s’épuisent. D’autre part, il y a le sentiment de ne jamais en faire assez, autant pour ceux et celles qui bénéficient de ces services que pour les collègues.

Patrice Machabée: Depuis cinq ans, le niveau de détresse est plus élevé dans la communauté, et nos ressources sont très sollicitées. Les intervenants sont constamment dans l’urgence et dans la performance. Il y a une certaine fatigue qui s’est installée depuis deux ans. 

Quand la crise sanitaire a débuté, comment s’est déroulée la création de la ligne de soutien LÉO?

Alice Bernier : Tout a été très rapide. Toutes nos activités au CSMO-ÉSAC ont été chamboulées, comme pour beaucoup d’organisations. On appelait des partenaires, des regroupements nationaux et des comités consultatifs. On nous disait que tout le monde était épuisé. Il y avait beaucoup de détresse psychologique, et les thérapeutes avaient de longues listes d’attente.

On voulait créer quelque chose rapidement. On a commencé la réflexion en avril, et la ligne de soutien a été lancée le 1er juin 2020. Au départ, on offrait trois séances, puis on a décidé d’en proposer cinq. Les bénévoles et les anciens employés ont aussi accès au service.

Pour quelles raisons les travailleurs et les travailleuses ont-ils utilisé le service LÉO?

Patrice Machabée : D’après un sondage qu’on a effectué, 35 % des demandes formulées pendant la deuxième année sont en lien avec le milieu de travail : climat toxique, charge de travail trop importante, épuisement, etc. La deuxième cause, ce sont les besoins personnels (la santé mentale, l’estime de soi, etc.) et viennent ensuite les questions entourant la carrière.

Ce qui est inquiétant, c’est que 57 % des utilisateurs de LÉO vivent des épisodes de dépression et de tristesse. Près de 63 % d’entre eux confient qu’ils ont perdu de l’intérêt pour des activités, et 76 % manquent d’énergie.

Savez-vous qui utilise la ligne de soutien LÉO?

Patrice Machabée : Ce sont majoritairement des femmes (71 %) qui font appel au service et 2 % des répondants ne s’identifient à aucun genre. Près de 15 % sont des personnes racisées.

La première année, la presque totalité des personnes qui utilisaient LÉO avait déjà eu recours à un service de soutien psychologique dans le passé. Après plus d’un an, 25 % de gens qui appelaient n’avaient jamais consulté un psychologue.

Au départ, on a constaté que seulement des employés d’organismes communautaires profitaient de la ligne de soutien LÉO. Aujourd’hui, les travailleurs des entreprises d’économie sociale demandent aussi de l’aide.

En attendant que Sophie Meunier et son équipe dévoilent les conclusions de leur analyse du projet, savez-vous si l’initiative LÉO porte fruit?

Patrice Machabée : Les résultats d’un sondage réalisé après la première année de fonctionnement étaient dithyrambiques. La presque totalité des gens (98 %) étaient satisfaits de ce service, qui est gratuit et qui est offert rapidement. Ils auraient aimé avoir plus de cinq rencontres. Peut-être huit ou dix.

Aussi, sur les quelque 200 personnes, de 20 à 30 étaient prêtes à témoigner de leur expérience à visage découvert. Cela m’a surpris. C’était un grand pas accompli pour briser les tabous entourant la santé mentale.

Qu’avez-vous appris au cours du projet LÉO?

Alice Bernier : J’aime encore plus le milieu communautaire et de l’économie sociale. Les gens s’entraident et s’écoutent. Je suis en admiration devant tout ce réseau qui a tenu malgré les difficultés et la détresse.

Patrice Machabée : Ce projet confirme que le milieu communautaire est capable de trouver des idées innovantes et de les réaliser.

Quelle sera la suite du projet?

Alice Bernier : On veut développer le projet et l’améliorer. Au début du mois de décembre 2021, on a ajouté des ateliers avec LÉO-collectif. Est-ce qu’il y a d’autres services à mettre en place ou à bonifier? Peut-être mieux soutenir les gestionnaires? Ou même les bénévoles? Tout cela, on veut le faire en collaboration avec le milieu.

Le mot de la fin… Une proposition inspirante en santé mentale?

Alice Bernier et Sophie Meunier : L’outil d’autogestion de la santé émotionnelle Aller mieux à ma façon, imaginé par la professeure du département de psychologie de l’UQAM, Janie Houle

Patrice Machabée : Le projet de sensibilisation Je marche Montréal pour la santé mentale, de Gabriel Julien.

Une œuvre pour approfondir le sujet de la santé mentale?

Alice Bernier : Le livre La bête, de David Goudreault

Patrice Machabée : L’émission de radio Folie douce, présentée au Canal M, et les conférences Web de l’ALPABEM

Sophie Meunier : Le livre S’aimer : Comment se réconcilier avec soi-même, de Kristin Neff

Un souhait pour l’avenir?

Alice Bernier : Qu’on fasse plus confiance au communautaire et à l’économie sociale et qu’on reconnaisse l'excellent travail de ces milliers d'organisations actives dans toutes les régions du Québec.


Entrevue menée en janvier 2022


Notre soutien
au
CSMO-ESAC

Nous apportons notre soutien au projet LÉO du CSMO-ESAC depuis 2020, grâce au fonds d'urgence que nous avons mis sur pied pour répondre aux besoins liés à la Covid-19

Quelques faits saillants

  • Secteur de l'économie sociale et de l'action communautaire 16 590 organisations
  • Nombre d'employés du secteur, incluant ceux des coopératives 319 893
  • Présence des femmes aux postes de direction/coordination 76 %









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