Miser sur la prévention pour relever le défi de la pauvreté
La Fondation Lucie et André Chagnon a présenté un mémoire dans le cadre de la Consultation publique pour l'élaboration du 3e Plan d'action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
Résumé du mémoire
La pauvreté ne doit pas être considérée comme une fatalité. Dans une société comme la nôtre, il est inacceptable de constater qu'encore aujourd'hui, de nombreux enfants vivent et grandissent dans des conditions qui les désavantagent. La pauvreté qui les affecte ainsi que leurs familles et leurs milieux nous concerne tous, car ce n'est pas seulement leur développement qui est compromis, mais aussi celui de toute notre société.
Née d'une large mobilisation de la société civile, c'est dans cet esprit que la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale fut adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale en 2002, une première en Amérique du Nord. Une Loi qui, rappelons-le, « vise à guider le gouvernement et l'ensemble de la société québécoise vers la planification et la réalisation d'actions pour combattre la pauvreté, en prévenir les causes, en atténuer les effets sur les individus et les familles, contrer l'exclusion sociale et tendre vers un Québec sans pauvreté » (article 1). Quatorze ans plus tard, le sens de cette Loi fait toujours l'objet d'un fort consensus au sein de la société québécoise comme en témoignent les résultats du sondage que la Fondation Lucie et André Chagnon a mené en juin 2015 sur les aspirations des Québécois en matière de politiques sociales. 83 % d'entre eux considèrent que les politiques sociales (programmes, mesures et services sociaux) contribuent à leur qualité de vie et 72 % croient que l'élimination de la pauvreté doit être une priorité des décideurs publics.
Le 3e Plan d'action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale représente une occasion unique de réitérer l'engagement de tous les élus de l'Assemblée nationale du Québec, de l'appareil gouvernemental ainsi que de la société québécoise. Un engagement auquel souscrit entièrement la Fondation Lucie et André Chagnon et qui n'est pas sans rappeler la vision du premier ministre du Québec, exprimée le 21 mai 2014 lors de son discours d'ouverture de la 1re session de la 41e législature de l'Assemblée nationale du Québec : « Un État qui se préoccupe de la santé doit conserver un horizon qui inclut, bien sûr, le système de soins, mais aussi le dépasse largement. Dans un tel gouvernement, les ministres de l'Éducation, de l'Emploi, du Travail, de l'Environnement, de l'Économie, de la Culture participent toutes et tous à l'amélioration de l'état de santé des Québécois. La santé est bien sûr un service public essentiel, mais l'éducation, c'est notre avenir, notre projet de société. »
Déposé le 29 janvier 2016
Dans le cadre de la présente consultation, la Fondation Lucie et André Chagnon souhaite émettre les recommandations suivantes en ce qui a trait au prochain Plan d'action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, à savoir que celui-ci doit:
- Miser sur le développement des individus dès leur plus jeune âge, tout au long de leur parcours et à travers différentes étapes telles que l'entrée à l'école ou d'autres périodes clés de transition.
- Se donner pour cible de réduire de 20 % le nombre de jeunes Québécois [1] âgés de moins de 18 ans vivant sous le seuil de pauvreté, d'ici 2020.
- S'articuler avec une éventuelle Politique en éducation qui soit globale et intégrée, et ce en concertation avec les organisations de la société civile engagées dans la réussite des jeunes Québécois, ainsi qu'avec d'autres politiques en élaboration dont la Politique québécoise de la jeunesse et la Politique gouvernementale de prévention en santé.
- S'inscrire dans une vision et une mobilisation pan-gouvernementales et cohérentes qui impliquent tous les ministères dont les actions ont un impact direct ou indirect sur les grands déterminants de la pauvreté et de l'exclusion sociale.
- Prévoir un financement gouvernemental adéquat et durable pour les organisations de proximité notamment issues du milieu communautaire et de l'économie sociale, tout en encourageant et en soutenant une participation plus grande des municipalités et des entreprises dans les projets au sein de leur collectivité.
Le souhait de la Fondation Lucie et André Chagnon est que le grand projet de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale reste prioritaire. La Fondation encourage le Gouvernement à poursuivre ses actions, dans l'esprit de la Loi adoptée à l'unanimité en 2002, en jouant pleinement le rôle que lui seul peut jouer. Nous sommes convaincus que cet engagement gouvernemental aura un effet mobilisateur sur l'ensemble de la société et sera un gage de prospérité sociale et économique pour le Québec.
[1] 165 770 jeunes Québécois âgés de moins de 18 ans vivent sous le seuil de la pauvreté. Calcul effectué à partir des données de l'Institut de la statistique du Québec :
Effectif des groupes d'observation, particuliers, Québec, 2012
Taux de faible revenu, MFR-seuils après impôt, particuliers, Québec, 2012