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« Reconnaître le racisme systémique : Il en va de notre responsabilité collective »

Des membres du volet autochtone de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec (CRJ) signent cette lettre ouverte parue sur le site de Radio-Canada afin de demander au gouvernement de passer à l'action face au racisme systémique.


TEXTE DE LA LETTRE OUVERTE

Le 28 septembre dernier, une femme Atikamekw, jeune mère de 7 enfants, est décédée tragiquement au CISSS de Lanaudière à Joliette. Dans un milieu où chacun devrait recevoir soins, écoute et compassion, Joyce Echaquan a été victime de racisme, d’humiliation, de violence et de mépris de la part des personnes qui devaient veiller à son bien-être et à sa guérison.

Cet événement n’est malheureusement pas un cas isolé. Il s’agit d’une autre manifestation du racisme systémique que vivent les Autochtones au Québec.

En tant que chercheur.e.s, membres d’organisations et jeunes Autochtones, nous sommes connecté.e.s par une indignation profonde et une colère envers les systèmes et institutions qui acceptent, par leur silence ou inaction, ces gestes discriminatoires et violents.

À travers le travail que nous menons, nous tenons à joindre nos voix à celles qui se sont levées. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’action concertée et pertinente pour contrer le racisme systémique au sein des institutions et services publics du Québec?

Pourtant, ce racisme systémique a été nommé et dénoncé. En tant que collectif, nous avons mené de multiples recherches scientifiques en collaboration avec les communautés et les organisations autochtones qui montrent que les systèmes de santé, d’éducation et de justice, tels qu’ils sont actuellement conçus, sont affectés par le racisme systémique et ne répondent pas aux besoins des Autochtones.

Pour la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse (qui regroupe chercheur.e.s, jeunes et partenaires des stratégies jeunesse autochtone), la recherche se doit d’être respectueuse, inclusive, réciproque, avantageuse, ouverte et transparente. Nous appelons le gouvernement à aller dans ce sens et à adopter des pratiques valorisant la dignité, les savoir-faire et l'identité des Autochtones. Puisque plus d’un quart des Autochtones au Québec ont entre 15 et 34 ans, les jeunes sont au centre de nos préoccupations.

L’ensemble de la société doit ainsi travailler à briser ce cycle de méconnaissances et de racisme pour permettre aux générations futures de vivre dans une société valorisante exempte de violences telles que celles vécues par madame Echaquan et sa famille.

La Commission de Vérité et Réconciliation (2015), l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées (2019) et la Commission Viens sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (2019) font toutes état de problèmes systémiques affectant le quotidien des Autochtones. Celles-ci ont émis des recommandations pour entreprendre un processus de réconciliation entre les Nations. Et pourtant, le gouvernement reste inactif.

Il est temps de passer à l’action et d’engager la société actuelle dans un processus de décolonisation afin d’offrir des services publics culturellement sécuritaires. Ces mises en actions concrètes et pertinentes doivent prendre racine dans l’expertise des Peuples Autochtones et refléter un travail collaboratif déjà bien entamé depuis des décennies par les Autochtones et leurs allié.e.s.

Ensemble, nous offrons nos plus sincères condoléances et notre soutien à la famille de Joyce Echaquan et à sa communauté.


Signataires :

  • Natasha Blanchet-Cohen, cotitulaire de la CRJ, Université Concordia
  • Véronique Picard, Huronne-Wendat, coordonnatrice de la CRJ et candidate au doctorat, Université Concordia
  • Flavie Robert-Careau, professionnelle de recherche de la CRJ
  • Alicia Ibarra-Lemay, Kanien’kehá:ka, assistante de recherche de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec
  • Sabryna Godbout, Huronne-Wendat, membre du comité aviseur jeunesse de la CRJ
  • Fabienne Théoret-Jerome, Anishnabekwe, membre du comité aviseur jeunesse de la CRJ
  • Tatiana Jourdain-Rock, Innue, membre du comité aviseur jeunesse de la CRJ
  • Johnny Boivin, artiste Atikamekw & Innu, membre du conseil jeunesse de Montréal Autochtone et membre du comité aviseur jeunesse de la CRJ
  • Marie-Hélène Canapé, Innue, membre du comité aviseur jeunesse de la CRJ
  • Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo, Anishnabekwe, membre du comité aviseur jeunesse de la CRJ
  • Annick Tremblay, agente de liaison politique et coordonnatrice des femmes élues de l’APNQL
  • Kahsennoktha Naomi George, Kanien’kehá:ka, coordonnatrice jeunesse chez Femmes Autochtones du Québec (FAQ)
  • Marjolaine Tshernish, Directrice générale, Institut Tshakapesh
  • Amélie Lainé, Directrice des partenariats et des programmes, Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec
  • Audrey Pinsonneault, Coordonnatrice en recherche et amélioration continue, Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec
  • Geneviève Sioui, Huronne-Wendat, coordonnatrice de l’engagement communautaire autochtone, Université Concordia
  • Odile Joannette, Innue, directrice générale du Wapikoni mobile
  • Widia Larivière, Anishnabekwe, cofondatrice et directrice générale de Mikana
  • Catherine Richardson, Director of First Peoples Studies, Concordia University
  • Emanuelle Dufour, doctorante et conseillère pédagogique Équité, diversité et inclusion, Collège Ahuntsic
  • Julie Christine Cotton, professeure, Département des sciences de la santé communautaire, Université de Sherbrooke
  • Audrey Rousseau, professeure de sociologie, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais
  • Stéphane Guimont Marceau, professeure, Institut national de la recherche scientifique INRS Urbanisation Culture Société
  • Lydia Risi, directrice principale des opérations et de la philanthropie - communautés inuites et des Premières Nations, Fusion Jeunesse
  • Martin Goyette, cotitulaire de la CRJ, ENAP
  • Carole Lévesque, Institut national de la recherche scientifique
  • Maria Eugenia Longo, cotitulaire de la CRJ, INRS
  • Laurent Jérôme, Professeur, UQAM, Directeur de la revue Recherches amérindiennes au Québec
  • Léa Lefevre-Radelli, Ph.D., UQAM/Université de Nantes
  • Marie-Eve Drouin-Gagné, chercheure postdoctorale, INRS-UCS, professionnelle de recherche de la CRJ
  • Sylvain Bourdon, cotitulaire de la CRJ, Université Sherbrooke
  • Magalie Quintal-Marineau, Professeure adjointe, INRS-UCS
  • Emilie Fortin-Lefebvre, Professeure, Directrice du Centre d'études pour l’autonomie économique des Premiers Peuples et des Inuit, UQAM
  • Michelle Smith, Métis, First Peoples Initiative and Cinema-Communications Faculty, Dawson College & Doctoral Candidate, McGill University
  • Hugo Asselin, École d’études autochtones, UQAT
  • Elizabeth Fast, Associate Professor, Applied Human Sciences, Concordia University
  • Karine Awashish, co-chercheure à la CRJ, doctorante en sociologie de l’Université Laval et co-fondatrice de Coop Nitaskinan
  • Caroline Desbiens, Professeure, Département de géographie, Université Laval
  • Jrène Rahm, Professeure, Département de psychopédagogie et d’andragogie, Université de Montréal
  • Mark Watson, Associate Professor, Sociology and Anthropology, Concordia University
  • Jean-Marc Chouinard, Président, Fondation Lucie et André Chagnon

Lettre ouverte publiée le 17 octobre 2020










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