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Allocution de M. Jean-Marc Chouinard

Nous avons tous un rôle à jouer pour contrer la croissance des inégalités

Le 13 juin 2017, l'Institut du Nouveau Monde a organisé, dans le cadre du Forum économique international des Amériques de Montréal, un petit-déjeuner conférence, intitulé La croissance des inégalités, un terreau fertile pour la montée du populisme, avec l'appui de la Fondation Lucie et André Chagnon et de la Fondation de la Famille J.W. McConnell.

La montée du populisme que nous observons à travers le monde est souvent attribuée à la colère des populations de la classe moyenne face à la croissance des inégalités économiques et sociales. Est-ce bien le cas, ou y a-t-il d'autres facteurs en cause comme l'impact du virage technologique et le sentiment de déqualification qu'il engendre ? Comment les leaders populistes tirent-ils avantage de ces phénomènes ? Quelle incidence la montée du populisme a-t-elle sur le paysage politique et économique mondial, et comment les grandes entreprises peuvent-elles y réagir ?

ANIMATEUR : Michel Venne, fondateur, Institut du Nouveau Monde (INM)

MOT DE BIENVENUE: Julie Caron-Malenfant, directrice générale, Institut du Nouveau Monde (INM)

INTRODUCTION : Gabriela Ramos, conseillère spéciale au secrétaire-général et sherpa, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

CONFÉRENCIERS : 

  • James Galbraith, titulaire de la chaire Lloyd M. Bentsen Jr. en relations public-privé, et professeur en études gouvernementales, University of Texas, Austin
  • Sheri Berman, professeure de sciences politiques, Barnard College, Columbia University
  • Anne-Marie Hubert, associée directrice, Québec, EY

Invité à prononcer le mot de clôture, Jean-Marc Chouinard, président de la Fondation Lucie et André Chagnon, a profité de cette occasion pour s'adresser au milieu des affaires et rappeler que nous avons tous un rôle à jouer pour contrer la croissance des inégalités.

Allocution de clôture de M. Jean-Marc Chouinard 

Allocution en format PDF

Merci Monsieur Venne,
Madame Caron-Malenfant,
Chers conférenciers,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais, dans un premier temps, remercier les organisateurs de m'avoir offert la possibilité de prononcer le mot de clôture de ce petit-déjeuner conférence portant sur la croissance des inégalités sociales et la montée du populisme.

Nous sommes très fiers, à la Fondation Lucie et André Chagnon, d'être partenaires de cet événement ce matin et de constater que le sujet suscite l'intérêt. C'est un sujet dont on devrait discuter encore davantage.

Je pense que nous sommes tous d'accord, nous aurions pu continuer à parler encore longtemps du lien entre la croissance des inégalités et la montée du populisme.

Je voudrais, à nouveau, remercier nos conférenciers d'être venus nous en parler aujourd'hui. Ils ont su dresser un portrait parlant et éclairant - je pense même, dans certains aspects, provocant -, mais aussi rafraîchissant. Ils ont su apporter un nouveau regard.

La première chose que nous devrions retenir, c'est qu'il s'agit d'un problème structurel qui est aggravé par des événements conjoncturels auxquels nous participons tous, directement ou indirectement, comme l'a mentionné madame Hubert. La montée du populisme s'accompagne souvent de défiance, de méfiance, de polarisation, et le tout entre dans une forme de cercle vicieux. Ce phénomène nous amène à nous questionner sur la démocratie, la solidarité, le développement et la croissance.

Le contexte actuel favorise certains d'entre nous et les inégalités se creusent. Nous avons tous un rôle à jouer pour améliorer la situation. Je pense que ça a été mentionné à plusieurs reprises. La conversation que nous avons ce matin est un excellent point de départ afin de voir comment nous pouvons arriver à un certain consensus pour pouvoir ensuite passer à l'action.

Ce matin, les conférenciers nous ont proposé de voir les choses d'une autre façon.

Madame Ramos a abordé les notions de croissance ou de développement en les associant étroitement aux enjeux économiques et d'équité. Elle a aussi insisté sur l'importance de se donner des mesures pour pouvoir en voir la progression.

Monsieur Galbraith a souligné que la montée du populisme est un phénomène beaucoup plus complexe qui dépend de plusieurs facteurs, contrairement ce qu'on pourrait croire intuitivement. Cela exige une compréhension fine des enjeux surtout structurels, que ce soit des enjeux de désindustrialisation ou de dévitalisation de certaines communautés, par exemple.

Ici, au Québec, plusieurs milieux sont en situation semblable de dévitalisation ou de déclin démographique. Mais il est trop simple de réduire à un seul facteur, les causes de cette situation. Les racines sont nombreuses. Elles sont notamment socioculturelles, comme nous l'a rappelé madame Berman.

On ne peut donc nier ces enjeux d'inégalités sociales et de montée du populisme. Pour y répondre adéquatement, il m'apparait important de mieux les comprendre et de poursuivre ces conversations afin de mieux saisir les dynamiques et les rôles que l'on peut jouer.

Dans le milieu philanthropique, comme dans plusieurs autres milieux, dont celui des affaires, nous ne sommes pas insensibles à ce phénomène, bien entendu. Nous devons faire preuve d'exemplarité en termes de cohérence et d'efficacité dans nos pratiques, quelles qu'elles soient.

Nous ne pouvons prétendre avoir des solutions, mais nous devons intervenir de la façon la plus appropriée. La Fondation Lucie et André Chagnon a pour mission de prévenir la pauvreté par la réussite éducative dès le plus jeune âge, c'est-à-dire de 0 à 20 ans. avec une vision de justice sociale.

Comme organisme philanthropique, vous comprendrez que l'enjeu des inégalités sociales est au cœur de nos préoccupations. Il motive bon nombre de nos actions, bien entendu.

Pour n'en citer que quelques-uns, j'aimerais vous donner quelques exemples d'initiatives que nous avons menées avec d'autres partenaires - dont certains sont d'ailleurs présents dans la salle aujourd'hui - la Fondation Béati et la Fondation McConnell pour ne pas les nommer.

La Fondation Chagnon fait partie d'un Collectif de fondations qui, préoccupé par la question des inégalités sociales, a interpelé le gouvernement du Québec en 2015, au moment où plusieurs programmes gouvernementaux étaient remis en question. En fait, le Collectif invitait le Gouvernement à bien mesurer l'effet de ses projets de réforme et de ses compressions sur les citoyens et sur les communautés pour ne pas augmenter les inégalités sociales.

Plus récemment, en septembre 2016, le Collectif a organisé un événement qui nous a permis de voir quelles seraient les avenues prometteuses pour s'attaquer au problème des inégalités sociales.

Donc, nous croyons que nous pouvons comme société contrer cette augmentation - encore là je reviens sur le rôle du Gouvernement qui a été mis en exergue tout à l'heure -, dans la mesure où les politiques publiques sont mises en place selon des valeurs et des principes de justice sociale.

Évidemment, si ces inégalités sont moins grandes au Québec, c'est parce que l'État québécois a fait davantage de choix politiques, de politiques publiques et d'efforts pour les réduire. Mais il reste encore beaucoup à faire. Dans ce sens-là également, nous avons soutenu, depuis plusieurs années déjà, le Rendez-vous stratégique sur les inégalités sociales organisé, une initiative menée par l'Institut du Nouveau Monde. Il s'agissait d'une vaste démarche délibérative qui visait à faire émerger une volonté sociale claire pour réduire les inégalités sociales. Pendant deux ans, l'Institut a publié de nombreux textes, organisé des dizaines d'activités, consulté 5000 citoyens à travers le Québec.

Alors, nous pensons que c'est en continuant de parler de ces enjeux-là, que progressivement, nous parviendrons à un consensus qui nous permettra d'aller de l'avant et d'agir. « Take action », comme dirait madame Ramos.

Aujourd'hui, je suis très heureux de voir que le monde économique et différents acteurs de la société civile, notamment philanthropiques, aient pris le temps ce matin de réfléchir à cet enjeu que nous ne pouvons ignorer. Je voudrais à cet égard souligner la contribution de nos collègues de la Fondation McConnell qui ont permis la tenue de ce petit-déjeuner. Encore une fois, merci à tous de votre présence. Pour finir, j'aimerais vous rappeler une citation de Wilkinson and Pickett : « L'égalité, c'est bon pour nous tous ».

Merci.










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