Fondation Lucie et André Chagnon

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Allocution de M. Claude Chagnon

Colloque portant sur la réussite des élèves issus de l’immigration

Cette allocution de monsieur Claude Chagnon, président de la Fondation Lucie et André Chagnon, a été prononcée dans le cadre du colloque intitulé «La réussite des élèves issus de l'immigration au Québec : stratégies à privilégier», organisé par le Groupe de recherche sur l'immigration, l'équité et la scolarisation (GRIÈS) et le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. (La prestation peut différer du texte)

Allocution en format PDF

Le 18 mars 2015

Mesdames, Messieurs,

Bonjour,

Je suis particulièrement heureux de me retrouver au cœur d'un événement rassembleur et en compagnie de gens engagés et concernés par la réussite des jeunes et, en particulier, celle des jeunes issus de l'immigration. C'est un projet ambitieux d'organiser un colloque sur un sujet aussi vaste. J'aimerais saluer cette initiative conjointe du Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport et du GRIÉS [1] de l'Université de Montréal.

Votre programme est d'une grande qualité.

Ce matin, j'aimerais vous présenter brièvement la Fondation Chagnon et vous faire part, ensuite, de recommandations qui nous ont été faites dans le cadre d'un Diagnostic portant sur la scolarisation des jeunes Québécois issus de l'immigration.

La mission de la Fondation Lucie et André Chagnon est de prévenir la pauvreté.  Pour la mener à bien, nous concentrons nos activités sur le développement du plein potentiel des jeunes Québécois et sur leur réussite éducative. Nous partons du principe qu'un jeune épanoui tant d'un point de vue physique, qu'intellectuel, affectif et social aura la chance d'obtenir un meilleur emploi, de jouir d'une meilleure santé et de mieux participer à l'essor de notre société.

L'enjeu est complexe et nous avons choisi d'adopter, pour mener à bien notre mission, deux approches complémentaires. Nous misons, d'une part, sur la sensibilisation du grand public et de divers acteurs de la société et, d'autre part, sur la mobilisation des communautés. En effet, les communautés sont, à notre avis, les mieux placées pour décider de ce qui leur convient le mieux.

Dans cette perspective, depuis 2002, la Fondation et le Gouvernement du Québec ont mis sur pied trois organismes visant à soutenir la concertation locale et régionale d'acteurs provenant des services de garde, des milieux scolaire et municipal, d'organismes communautaires et du secteur économique. Je veux parler de Québec en Forme, d'Avenir d'enfants et de Réunir Réussir.

Le chemin parcouru est important. Le Québec n'a jamais compté autant de personnes et d'organismes mobilisés autour du développement des enfants et de leur réussite éducative. Des centaines de milliers d'enfants, de jeunes et de familles ont bénéficié, et bénéficient encore, du travail de Regroupements locaux de partenaires et d'organismes soutenus par Québec en Forme, Avenir d'enfants et Réunir Réussir.

Mais il reste encore beaucoup à faire…

On ne le dit pas assez, mais, selon l'Enquête québécoise sur le développement de l'enfant à la maternelle publiée en 2012, 26 % des enfants à la maternelle sont vulnérables dans au moins un des cinq domaines de développement que sont la santé physique et le bien-être, les compétences sociales, la maturité affective, le développement cognitif et langagier ainsi que les habiletés de communication et connaissances générales. C'est beaucoup trop…

Agir tôt auprès des tout-petits est, pour nous, de la première importance. Notre campagne sociétale Naître et grandir en est d'ailleurs l'illustration.

D'ailleurs, j'aimerais ouvrir une petite parenthèse au sujet de Naître et grandir pour vous mentionner que nous nous efforçons d'être le miroir de la société québécoise en utilisant des photos d'enfants de diverses origines ethnoculturelles, aussi bien sur le site internet que dans le magazine ou dans la campagne sociétale. Fin de la parenthèse.

Nous nous attachons donc au développement des tout-petits, mais, nous ne délaissons pas les plus grands pour autant. Nous pensons que chaque jeune doit être soutenu tout au long de son parcours, jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge adulte.

La persévérance scolaire est un enjeu complexe auquel on ne peut répondre d'une seule façon, et nous l'avons abordée sous différents angles.

Parallèlement à notre partenariat avec le Gouvernement, nous avons également contribué, ces dernières années, à plusieurs autres initiatives en matière d'éducation:

  • La Fondation est membre du Groupe d'action sur la persévérance et la réussite scolaires au Québec ;
  • Elle a participé aux Grandes rencontres sur la persévérance scolaire en 2013. Elle a coordonné, en marge de l'événement, l'élaboration du document Poursuivons qui a permis de déterminer collectivement les orientations prioritaires que nous devrions adopter en matière de persévérance scolaire ;
  • En partenariat avec l'Association des directions générales des commissions scolaires (ADIGECS), la Fondation a mis sur pied le projet AlphaBravo qui vise à développer le leadership et l'expertise pédagogique des directions d'école ;
  • Elle a contribué à la traduction en français de Motion Leadership, the skinny on becoming change savvy, un livre de Michael Fullan, l'un des plus grands spécialistes en matière de leadership en éducation. Le livre a, par la suite, été distribué dans les deux langues à travers le réseau des Commissions scolaires au Québec ;
  • La Fondation a aussi financé la Chaire de recherche de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke avec l'Université de Sherbrooke;
  • Elle a contribué au financement de projets tels que Bien dans mes baskets
    Ce projet a débuté en 2001 à l'école secondaire Jeanne-Mance de Montréal. Il se voulait une réponse à la difficulté des intervenants psychosociaux d'établir un contact avec certains jeunes présentant des difficultés importantes. Plusieurs d'entre eux provenaient de différents milieux multiethniques et socio-économiques défavorisés.

Par ailleurs, la Fondation Chagnon soutient, depuis plusieurs années déjà, des organismes qui œuvrent dans des quartiers défavorisés et multiethniques.

Je pense à la Fondation de la Visite dont nous sommes partenaires depuis 2007. La Fondation de la Visite offre un service gratuit de soutien à domicile et d'accompagnement aux femmes enceintes et aux parents de nouveau-nés, dans six secteurs montréalais. Ses intervenants ont soutenu, en 2012-2013, près de 400 familles dont 83 % étaient immigrantes.

Mais, au fil des ans, surtout durant les deux dernières décennies, la proportion de jeunes issus de l'immigration n'a fait que s'accroître sur les bancs de nos écoles. C'est donc tout naturellement que nous avons voulu mieux comprendre les enjeux auxquels ils sont confrontés.

C'est ainsi que nous avons demandé à madame Mahsa Bakhshaei, chercheuse, de produire un diagnostic sur la scolarisation des jeunes québécois issus de l'immigration, sous la direction scientifique de madame Marie Mc Andrew. Je voudrais les remercier chaleureusement pour ce travail. Il a grandement précisé et accru nos connaissances sur le sujet. Grâce à ce Diagnostic, nous avons une meilleure compréhension des enjeux, ce qui nous permettra de mieux cibler nos actions, particulièrement dans les milieux défavorisés.

J'aimerais, ce matin, partager brièvement avec vous les 4 domaines d'intervention proposés par le Diagnostic et qui devraient tous nous mobiliser.

  • Le 1er concerne l'expérimentation et la mise sur pied de modèles d'enseignement du français et de scolarisation visant les élèves en grand retard, qui intègrent le système québécois pendant le secondaire ou qui fréquentent le secteur de l'éducation des adultes.
    En effet, le Diagnostic a particulièrement mis en lumière l'importance d'agir auprès des jeunes qui arrivent tardivement dans le système scolaire québécois.
  • Le 2e a trait au soutien des écoles dans leur relation avec les familles, en misant sur les intervenants communautaires scolaires, tout en associant étroitement la communauté.
  • Le 3e domaine d'intervention identifié est l'accompagnement et le soutien des équipes-écoles en milieux à risques. En effet, certains milieux souffrent parfois d'un manque d'expertise. Bien souvent, ils se situent hors de Montréal, connaissent une immigration récente et sont à la fois défavorisés et multiethniques.
  • Enfin, le 4e souligne l'importance d'assurer l'appropriation, par les milieux de pratiques, des nombreuses données de recherches qui existent sur la réussite scolaire des élèves issus de l'immigration et sur les facteurs qui l'influencent.

Pour ceux et celles qui voudraient consulter le Diagnostic de façon plus approfondie, je vous invite à vous rendre sur le site internet [2] de la Fondation, dans la section consacrée à nos publications.

Nous avons parcouru du chemin, il est vrai, mais il reste encore beaucoup à faire. La réussite scolaire de nos jeunes est un défi de taille qui exige un engagement à long terme de toutes les sphères de notre société. Seuls, nous n'y parviendrons pas. Nous espérons travailler en partenariat avec tous les acteurs concernés par la réussite éducative de nos jeunes pour faire en sorte que TOUS les enfants au Québec réussissent à l'école et dans la vie et s'épanouissent dans des conditions et des milieux de vie favorables.

Bonne journée.


[1] GRIÈS : Groupe de recherche sur l'immigration, l'équité et la scolarisation

[2] http://www.fondationchagnon.org/fr/medias-et-publications/publications-de-la-fondation/2015/diagnostic_enfants_issus_de_l_immigration.aspx

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