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Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec (ROCAJQ)

Mission
du ROCAJQ

Le Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec a pour mission de soutenir ses membres, qui accompagnent des jeunes aux parcours de vie différenciés* et de porter leur voix auprès de la population et des instances politiques.

* Tous et toutes les jeunes ne suivent pas un parcours de vie linéaire. Entre l’entrée scolaire et la mise en emploi, nombreux sont les facteurs (socioéconomiques, familiaux, conditions de santé, etc.) qui peuvent faire dériver la trajectoire d’une personne. Ces parcours considérés hors-norme, atypiques, différents sont souvent une source d’exclusion et de marginalisation pour ces jeunes. C’est cette stigmatisation qui est mise de l’avant dans l’expression parcours de vie différencié́. (Source : site du ROCAJQ)


Pour une approche globale des jeunes, tout au long de leur parcours et dans les différents aspects de leur vie

Entrevue avec Julie Ouellet, directrice générale du ROCAJQ

À l'approche de la Semaine nationale de l’action communautaire autonome, nous avons voulu aborder la question de l’action communautaire autonome avec Julie Ouellet, directrice générale du Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec (ROCAJQ), du point de vue de son organisation. Julie Ouellet travaille dans le communautaire depuis plus de 20 ans principalement dans le milieu jeunesse. Elle est directrice du ROCAJQ depuis bientôt 4 ans.

La directrice générale du ROCAJQ défend une approche positive à l’égard des jeunes aux parcours différenciés et considère qu’il faut leur faire une place pour qu’ils soient parties prenantes de ce qu’on fait pour eux et des solutions qu’on envisage. On ne peut réduire un jeune au problème qu’il vit à un moment donné. Il faut le prendre pour tout ce qu’il est. Julie Ouellet a ces valeurs profondément ancrées en elle et cette façon de penser est une source d’inspiration et de motivation pour elle et pour toute la diversité des membres du ROCAJQ.

Nous lui avons posé ces questions:

En quelques mots, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est le ROCAJQ ?

La première mission du ROCAJQ est de porter la voix de ses 72 organismes membres. Ce sont des organismes multiservices (ex. maisons de jeunes avec intervention de milieu), des organismes qui œuvrent dans le domaine de la culture, de la diversité, de la prévention, qui font du travail de rue ou qui interviennent dans les écoles. Ils rejoignent les jeunes partout au Québec. Nos membres sont différents les uns des autres et apportent chacun leur propre expertise. Nous témoignons de leurs besoins, mais aussi de leurs forces et de leurs réussites auprès de l’appareil gouvernemental et de la population.

Grâce à un soutien personnalisé adapté à leurs besoins, nous aidons aussi nos membres à faire face à certains défis tels que la recherche de financement ou le roulement du personnel. Nous créons également des ponts et facilitons l’échange d’expertise entre eux en organisant, par exemple, des ateliers de formation.

Nous portons, par ailleurs, la voix des jeunes. Par des consultations que nous menons ou par des rencontres que nous organisons avec nos membres, nous sommes en mesure de rapporter ce qui se passe sur le terrain.

Depuis quelques années, le Secrétariat à la jeunesse soutient l’organisation de consultations jeunesse en milieu municipal pour lesquelles des consultations et des comités de jeunes doivent être mis sur pied. Le ROCAJQ s’efforce aussi de créer des ponts avec les jeunes au parcours de vie différencié pour qu’ils soient partie prenante de ces démarches. Nous offrons notre aide aux municipalités pour les aider à les rejoindre et à inclure une diversité de partenaires jeunesse dans leur démarche. Pas seulement les écoles...

Enfin, au courant de l’année, nous organisons plusieurs événements pour rejoindre nos membres et les mettre en lumière.

Qu’est-ce qui distingue votre regroupement et les organismes qui le composent ?

Ce qui fait notre particularité se retrouve à plusieurs niveaux. Tout d’abord dans le type de jeunes que nous rejoignons. Nous considérons les jeunes au parcours de vie différencié dans tout ce qu’ils sont et nous ne voulons surtout pas leur apposer l’étiquette de « jeunes marginalisés ». C’est une étiquette tellement lourde à porter !

La diversité des membres du ROCAJQ nous distingue aussi. Beaucoup d’entre eux œuvrent dans l’innovation et ont une approche globale. Cette diversité est une force, mais aussi un défi parce que nous sommes difficiles à définir. Un regroupement de maisons de jeunes est plus facile à expliquer que nous quand on pense à notre diversité avec un Atelier 19, Projet 10, Youth for youth, Projet Harmonie, Dans la rue, Café Mashteuiatsh, etc. Mais c’est un beau défi !

Dans les prochaines années, nous avons l’intention d’aller chercher de nouveaux membres plus particulièrement dans certaines régions où nous n’avons pas de membres (par exemple, dans l’Outaouais ou la Côte-Nord). Toujours dans la perspective de mieux nous connaitre et de mieux nous soutenir, nous avons aussi l’intention de briser des solitudes en créant des ponts entre les organismes jeunesse anglophones et francophones, ainsi qu’avec les Premières Nations.

De quoi êtes-vous le plus fière ? Quelles retombées observez-vous sur le terrain ou auprès des jeunes ?

Le Gala des Prix leviers, que nous organisons chaque année, est la plus belle façon d’illustrer ce que nos membres font auprès de ces jeunes aux mille et un parcours différents. Il met en lumière, notamment auprès des élus, des jeunes qui font une différence dans leur organisme ou dans leur communauté, que ce soit par leur résilience ou par leur engagement et tout le soutien qu’a apporté leur organisme. Il y a tellement de parcours intéressants à mettre en lumière ! Le Gala a permis, au fil des années, de mieux faire connaitre la dénomination « Parcours de vie différencié ». L’expression fait maintenant partie du discours des élus, alors qu’avant, nous devions l’expliquer. Les Prix Leviers ont des retombées positives pour les lauréats. Ceux-ci sont souvent appelés, par la suite, à siéger au conseil d’administration de leur organisme ou invités à rencontrer des CA d’organismes jeunesse pour les encourager à faire une place aux jeunes.

On parle souvent des jeunes en évoquant le futur, mais ils font aussi partie du présent. Partant de cette prémisse, le ROCAJQ organise, chaque année, au bénéfice de la Coalition Interjeunes, une consultation qui réunit environ 200 jeunes venant de partout au Québec pour qu’ils prennent parole sur les enjeux politiques ou sociétaux qu’ils ont choisis. Ces consultations existent depuis 6 ans et les jeunes sont partie prenante de leur organisation. C’est un autre moment de rencontre avec les élus pour leur faire part de leurs préoccupations actuelles.

Quels sont les défis auxquels le ROCAJQ et ses membres font face ?

Actuellement, on intervient bien souvent trop tard auprès des jeunes. Or, les membres du ROCAJQ œuvrent en prévention au quotidien. Le ROCAJQ s’efforce de rappeler à quel point agir en prévention représente un investissement pour la société. Nous essayons de ramener cette notion dans le discours politique et d’intervenir auprès du jeune avant qu’il ne soit trop tard et afin de lui redonner du pouvoir sur sa vie. C’est tout un défi !

Depuis le début de la pandémie, notre grand défi est celui de nous faire connaitre davantage et de faire reconnaitre le travail que nous effectuons. Pendant la crise sanitaire, le milieu communautaire, dont les membres du ROCAJQ ont été reconnus comme essentiels. Ces derniers se sont notamment rendu compte qu’ils étaient une source d’inspiration, mais que la reconnaissance financière était absente. On pense souvent que tous les organismes sont financés à la mission or, un peu plus du quart de nos membres ne le sont toujours pas malgré 30 ans d’existence pour certains. L’action communautaire autonome reçoit moins de financement par rapport à d’autres organisations même si elle rejoint beaucoup de jeunes. Nous souhaitons parvenir à une certaine équité.

Un soutien financier adéquat permettrait aux acteurs déjà présents sur le terrain de mieux répondre aux besoins. L’important est de ne pas dédoubler les services afin de ne pas fragiliser les structures déjà mises en place, mais de viser leur complémentarité. Le financement par projet permet à d’autres organisations de faire comme nos membres, mais empêche nos membres d’être soutenus pour ce qu’ils font, car ce doit être un projet. Rejoindre les jeunes aux parcours de vie différenciés est une entreprise complexe. En ce sens, offrir une seule porte d’entrée pour tous les services n’est pas une solution. Quand Alterhéros, Café graffiti ou Jeunes identités créatives ont été créés, c’était pour répondre à des besoins bien précis.

Nous gagnerions à être mieux connus. Nous avons un travail de sensibilisation à mener en ce sens. Ce constat m’amène à nommer un autre défi, celui de mesurer nos retombées et ainsi de démontrer l’impact de nos actions. Nous avons entamé un exercice avec tous les regroupements de la Coalition Interjeunes pour voir comment mettre en place certains indicateurs. L’exercice n’est pas évident étant donné la diversité des actions de nos membres. L’enjeu est de trouver des dénominateurs communs, tout en respectant l’autonomie et la particularité de chacun.

En résumé, malgré certaines améliorations, notre défi est de ramener l’importance de la prévention, de la diversité des actions, de fournir des données quantifiables et vérifiables et de faire en sorte que la jeunesse soit abordée dans toutes ses dimensions (santé, éducation, justice) et de façon transversale, sans oublier les angles morts. Présentement, la jeunesse est abordée par volet et en silo dans l’appareil gouvernemental.

Qu’est-ce que la pandémie a changé pour votre regroupement ?

Grâce à nos membres, nous avons pu dire comment cela se passait sur le terrain, ce que les jeunes vivaient, quels étaient leurs besoins et quels étaient les manques. La majorité d’entre eux sont restés ouverts pendant la pandémie. Ils se sont assurés d’être présents pour les jeunes et ont diversifié leurs services pour les rejoindre et garder le contact. Aujourd’hui, nos membres ont accumulé beaucoup de fatigue. Ce qui était au début un sprint est devenu un marathon. Ils ont fait preuve d’une grande résilience, malgré un roulement plus élevé du personnel et des arrêts de travail.

La pandémie a accéléré l’implantation du télétravail au sein de notre organisation. Nous avons beaucoup soutenu nos membres pour les aider à organiser leurs propres rencontres. Nous ne les avons jamais autant rencontrés ! Ça a renforcé des liens et créé une communauté plus rapprochée où l’on pouvait échanger des infos sur des sujets aussi divers que la recherche de financement ou les questions de ressources humaines. Il y a des choses qui vont rester, comme la possibilité d’assister aux Prix leviers en ligne. Cette nouvelle formule nous a aidés à sortir un peu de l’ombre.

Aujourd’hui, nous avons une préoccupation par rapport au passeport vaccinal que les organismes communautaires devront exiger. Pour les jeunes au parcours de vie différencié, le passeport est une barrière de plus qui réduit l’accès aux services. Divers facteurs expliquent qu’un jeune n’ait pas de passeport (phobie, absence de domicile fixe, de carte d’assurance maladie…). Nous comprenons l’importance de protéger la population, mais il ne faut pas que cela devienne un facteur d’exclusion supplémentaire.

Nous constatons les impacts de cette pandémie sur les jeunes et espérons que nous aurons les ressources et l’appui nécessaire pour les soutenir et prévenir les conséquences à moyen ou long terme.

Avez-vous une initiative inspirante à nous suggérer ?

Je suis toujours impressionnée par toutes les actions des membres du ROCAJQ. Nous avons 72 membres et au moins autant de projets inspirants !

Nous sommes partenaires et parties prenantes de la Coalition Jeunes Plus, réunissant des chercheurs, des organismes ainsi que des jeunes qui ont vécu de l’itinérance ou qui, en sortant de la DPJ, se sont retrouvés sans logement. Ils sont en train d’organiser un forum pour discuter des besoins et des solutions à mettre en place. On a vraiment hâte d’y assister.

Le Mouvement jeune et santé mentale est une autre initiative inspirante dont les jeunes sont partie prenante et qui réclame des solutions concrètes en santé mentale et de sortir d’une approche limitée au médical pour se tourner vers une approche de prévention et de soutien global.

Dans ces deux exemples, les jeunes sont au cœur de la démarche. Les adultes les accompagnent et la portent avec eux. Cette façon de faire continue et prend de l’ampleur.

Quels sont vos souhaits pour l’avenir ?

Je voudrais qu’on prenne les jeunes pour des citoyens à part entière dans tout ce qu’ils sont, qu’on ne les considère pas uniquement pour la difficulté qu’ils traversent. Je leur souhaite de ne pas se laisser définir par l’étiquette qu’on leur donne (« Je suis TDAH »).

Pour nos membres, je leur souhaite une vraie reconnaissance de ce qu’ils font et de ce qu’ils sont. Je leur souhaite d’obtenir un réel soutien financier, qu’il n’y ait plus ce combat constant pour se faire reconnaitre et entendre.

Le ministère de la Famille ne considère que les moins de 12 ans. Le ministère de l’Éducation se concentre uniquement sur l’éducation. Le Secrétariat à la jeunesse fonctionne principalement par projet. L’approche n’est pas globale. Je voudrais que l’on considère les jeunes dans une approche globale, tout au long de leur parcours et dans les différents aspects de leur vie. Nous devons éviter le travail en silo et avoir un regard croisé pour éviter les angles morts. C’est pour cette raison que nous souhaitons pouvoir assoir autour de la table les différents ministères qui touchent la jeunesse pour qu’il y ait une réelle collaboration entre toutes les parties prenantes, parce qu’au bout du compte, ce qu’on veut tous, c’est le bien-être des jeunes.

Des lectures, podcasts ou documentaires à suggérer pour ouvrir nos horizons ?


Entrevue menée en septembre 2021


Notre soutien
au
ROCAJQ

Nous apportons notre soutien au ROCAJQ Depuis 2016. Le projet que nous finançons actuellement répond à la demande de ses membres et vise à les soutenir dans le développement de saines pratiques de gestion. Plus précisément, il consiste à offrir un soutien personnalisé aux gestionnaires éprouvant sporadiquement des difficultés au niveau de la gestion administrative, de la recherche de financement, du développement des pratiques de gouvernance, ainsi que des processus et politiques internes.

Quelques faits saillants

  • Le ROCAJQ existe depuis 30 ans
  • Nombre de membres 72
  • Nombre de jeunes rejoints par les membres Près de 300 000

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