Vers un grand chantier collectif
Dans un discours le 1er novembre 1996, Lucien Bouchard annonçait au Québec ses plans à la suite du Sommet de l’économie et de l’emploi : mise en place du réseau des CPE, mise en place des entreprises d’aide à domicile, création d’un fonds dédié au démarrage d’entreprises d’économie sociale (le RISQ), des milliards d’investissements en projets entrepreneuriaux collectifs et privés et plus encore.
Béatrice Alain, directrice générale, Chantier de l’économie sociale
Comment le gouvernement de l’époque a-t-il pu faire autant en aussi peu de temps en économie sociale, le tout dans un contexte de crise économique et fiscale ? On parle ici, après tout, du développement d’institutions et de services à la population qui sont désormais les fondements mêmes de notre conception commune de ce que c’est, vivre au Québec.
Le tout commence par une reconnaissance frontale de la crise économique et sociale qui secouait le Québec à l’époque. S’en est suivi un acte radical de concertation, la reconnaissance du besoin de développer des capacités d’action collective complémentaires à celles de l’État et que d’autres acteurs avaient des ressources, de l’expertise, et une volonté de contribuer au développement du Québec.
Tous autour d’une même table
En asseyant autour de la table les trois grands piliers de l’économie au Québec – le public, le privé et le collectif, notamment l’économie sociale et le communautaire – et en rassemblant les travailleurs, les employeurs et la société civile, le gouvernement s’est permis d’avoir, en un seul lieu, tous celles et ceux qui construisent, ensemble, le Québec.
Face aux enjeux actuels, le Chantier de l’économie sociale, carrefour du mouvement de l’économie sociale, appuyé par des dizaines d’organisations de la société civile, du milieu patronal et syndical, du milieu communautaire et académique, invite le gouvernement à se joindre aux réflexions en cours qui visent à trouver des solutions collectives aux défis communs les plus urgents.
En mai 2025 se tiendra le Sommet de l’économie sociale. Lors de cet évènement, un successeur du grand sommet de 1996 ainsi que de celui de 2006, convenu par les acteurs de l’économie sociale eux-mêmes, seront rassemblés toutes celles et ceux qui veulent s’atteler à la tâche de la transformation économique et sociale et de l’amélioration de la qualité de vie de tous ceux qui habitent le territoire.
Après tout, c’est en travaillant ensemble que l’on peut mettre en place, par exemple, un système d’alimentation scolaire universel pour faire échec à la faim dans les écoles ou bâtir un grand parc de logements à but non lucratif pour s’attaquer à la crise de l’habitation.
La prise en charge collective de ces grandes problématiques n’est possible que lorsque l’on s’assoit ensemble, autour de la même table, et que l’on construit la résilience de nos communautés, notamment face aux impacts des changements climatiques.
Au courant de la prochaine année, nous ferons avancer les travaux vers ce sommet sur huit thématiques distinctes, dont l’alimentation, l’immobilier, l’environnement, les aînés et la culture. Ce sommet sera un moment de concrétiser des alliances, des engagements, et de mettre en place des projets qui s’attaqueront aux problèmes urgents auxquels nous sommes confrontés.
Les grands travaux menant au Sommet de 1996 ont duré neuf mois. Il reste encore un peu plus d’un an avant le Sommet de l’économie sociale de 2025. Nous, soussignés, organisations représentant une majorité des intérêts politiques, économiques, sociaux, culturels et intellectuels du Québec, invitons donc les citoyens et gouvernements à un grand chantier collectif pour faire face à nos défis communs. On s’y voit en mai 2025 !
Cosignataires :
- Marie-Line Audet, directrice générale, Table nationale des corporations de développement communautaire
- Catherine Bibeau-Lorrain, présidente, Union étudiante du Québec (UEQ)
- Karl Blackburn, président et chef de la direction, Conseil du patronat du Québec
- Pierre Boivin, co-président de GALOPH
- Denis Bolduc, secrétaire général, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
- Robert Dutton, professeur associé à HEC Montréal
- Patrick Kearney, président du REFRAIN, Regroupement des festivals régionaux artistiques indépendants
- Adrienne Kelly, présidente-directrice générale, Fondation Lucie et André Chagnon
- Sabaa Khan, directrice générale, Québec et l’Atlantique, Fondation David Suzuki
- Régis Labeaume, ex-maire de Québec
- Phyllis Lambert, architecte, directrice fondatrice et présidente du conseil des fiduciaires du Centre Canadien d’Architecture (CCA)
- Murielle Laberge, rectrice, Université du Québec en Outaouais
- Myriam Lapointe-Gagnon, fondatrice, Ma place au travail
- Sophie-Laurence H. Lauzon et Lise Bizzoni, codirectrices générales, Réseau des femmes en environnement
- Sarah-Katherine Lutz, directrice générale, ENvironnement JEUnesse
- Karel Mayrand, PDG, Fondation du Grand Montréal
- Henry Mintzberg, professeur à la faculté Desautels de gestion de l’Université McGill
- Marie-Josée Paquette, directrice générale, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
- Maxime Pedneaud-Jobin, ex-maire de Gatineau et auteur
- Claude Pinard, président-directeur général, Centraide du Grand Montréal
- Mickel Robertson, directeur général de la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador
- Christian Savard, directeur général, Vivre en ville
- Marc Séguin, artiste
- Caroline Senneville, présidente, Confédération des syndicats nationaux
- Edouard Staco, président, Sommet socioéconomique pour le développement des jeunes des communautés noires
- Colleen Thorpe, directrice générale, Équiterre
- Martin Vaillancourt, directeur général, Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec